Relocaliser notre alimentation n’est pas synonyme d’un nationalisme alimentaire aveugle[1]. Il s’agit au contraire de construire une relocalisation sur l’ouverture, et la recherche d’une meilleure autonomie. Au-delà des discours, intéressons-nous à quelques pistes d’actions concrètes, au carrefour entre des politiques environnementales et des politiques sociales, qui pourraient être portées en Wallonie :
- Sécurité sociale de l’alimentation[2]:
Et si l’alimentation pouvait être couverte par une sécurité sociale, au même titre que les soins de santé ? Financés par les cotisations des citoyens, ces allocations mensuelles, accessibles par chaque individu, ne pourraient être dépensées que pour des produits locaux et bio.
- Exception alimentaire[3]:
Actuellement, le droit de la concurrence s’impose aux pays de l’Union Européenne et touche de nombreux secteurs, dont les marchés publics alimentaires. Cela ne favorise pas les interactions entre les demandes des collectivités et les producteurs locaux : beaucoup sont exclus des appels d’offres par manque de préparation, ou ne sont tout simplement pas équipés pour répondre à ces cahiers des charges aux lourdes et chronophages formalités. De facto, ces marchés publics profitent surtout aux grands opérateurs agroalimentaires. En ce sens, l’instauration d’un régime d’exception alimentaire dans le code des marchés public permettrait une réduction des inégalités, tout en donnant une chance aux producteurs d’approvisionner les collectivités en produits locaux de qualité.
- Mise en place de leviers fiscaux pour renforcer l’accessibilité de l’alimentation durable :
Force est de constater que les colis de l’aide alimentaire s’éloignent fortement des composants d’une alimentation saine et durable ; et si l’on pensait à des outils collectifs pour faciliter l’accès économique des personnes les plus précarisées ? Différentes pistes peuvent être évoquées : chèques repas, lien entre alimentation et monnaies locales, gratuité des repas dans les écoles, exemption de la TVA sur certains produits à forte valeur social et/ou environnementale ajoutée, etc.
[1] Pour aller plus loin : « Systèmes alimentaires, la relocalisation en débat », Défis Sud n°138, édition annuelle 2020-2021 : https://www.sosfaim.be/wp-content/uploads/2021/01/Defis_Sud_138.pdf
[2] Pour aller plus loin : « Pour une sécurité sociale de l’alimentation », ISF Agrista, 2020 : https://securite-sociale-alimentation.org/wp-content/uploads/2021/05/2020.05.10_pour_une_securite_sociale_de_lalimentation.pdf
[3] Pour plus d’informations, lire la tribune de Un Plus Bio parue dans le journal Libération (3 mars 2022) : https://www.unplusbio.org/notre-tribune-exception-alimentaire/