COVID-19 / Les cuisines de collectivités s’organisent !
Focus sur les Hôpitaux, Maisons de repos et CPAS
Face à la crise sanitaire due au COVID-19, les hôpitaux et maisons de repos sont sur tous les fronts pour endiguer la propagation du virus. Si tous les services de ces établissements sont impactés, les cantines ne sont pas en reste ! Touchés de plein fouet, les « travailleurs de l’ombre » s’organisent, dans des conditions parfois difficiles, afin de veiller à la sécurité alimentaire et sanitaire de tous. C’est également le cas au niveau des CPAS où des mesures sont prises un peu partout en Wallonie afin de pallier les difficultés d’approvisionnement des personnes isolées.
Pour juguler le manque de personnel en cuisine, certaines infrastructures font appel à des sociétés d’intérim ou augmentent les heures prestées. Pour d’autres, la pression se fait plutôt sentir « dans les étages » : Il n’est pas rare que le matériel de protection fasse défaut et que l’inquiétude soit de mise face à la maladie.
Car l’activité d’une cantine ne se limite pas à la cuisine. Du personnel chargé de distribuer les repas à domicile jusqu’au personnel d’entretien qui rentre en chambre, en passant par les cuisiniers, tous sont amenés à intégrer des normes d’hygiène renforcées qui bouleversent l’organisation de leur travail.
C’est le cas sur les trois sites du centre hospitalier EpiCURA (Ath, Baudour et Hornu) où la désinfection des chariots a été renforcée à chaque service, avec un circuit modifié (ascenseur réservé aux chariots qui reviennent des étages) et où le personnel en cuisine, en plus d’une désinfection régulière, porte masques et gants, avec tablier supplémentaire au niveau du lave-vaisselle. Le personnel a rapidement et consciencieusement intégré ces règles d’hygiène supplémentaires et, après l’inquiétude, c’est l’entraide qui prime au sein de l’équipe.
Dans la cuisine centrale du CPAS de Tournai – qui confectionne environ 600 repas par jour à destination des maisons de repos, des bénéficiaires à domicile et des crèches – 2 équipes ont été constituées en cuisine, afin de pouvoir travailler en alternance. Les heures de repas et de pause du personnel ont été décalées et l’occupation du vestiaire a été limitée à une personne à la fois. Et le travail ne manque pas ! Madame Renversé, responsable de la cuisine nous le confie. Car s’il y a moins de repas pour les crèches, des demandes supplémentaires du relais social affluent (repas qui étaient habituellement réalisés par des bénévoles à partir de dons alimentaires) ainsi que des personnes à domicile et de la maison d’enfants.
D’ailleurs, la livraison des repas à domicile a également été largement réorganisée dans diverses communes wallonnes. La Ville de Marche-en-Famenne et le CPAS ont ainsi décidé « d’étendre le système de service des repas à domicile (préparation et livraison) aux personnes isolées et fragiles habitant la commune de Marche-en-Famenne ».
C’est également le cas du CPAS de Court-Saint-Etienne qui « renforce son service de repas à domicile et met en place un service ‘delivery’ en proposant de faire les courses et de les livrer aux personnes âgées ou en difficulté ». Pour organiser cette opération, le CPAS a dû faire appel au renfort de chauffeurs bénévoles et a affecté du personnel administratif et social supplémentaire. Bien sûr, les demandes sont traitées en fonction de l’urgence de la situation.
Au CPAS de Perwez, le service de transport social et de courses Génér’action a élargi ses missions afin de faciliter les choses. Laurent Deman, responsable du service social nous l’explique :
« En effet, alors que notre service réalisait majoritairement les courses avec les bénéficiaires, nous avons désormais décidé de procéder différemment :
- Les bénéficiaires restent à domicile et préparent une liste de courses à donner au chauffeur ;
- Le chauffeur passe chercher la liste et va faire les courses de la personne ;
- Le CPAS paie les courses, les ramène et refacture après coup au bénéficiaire les denrées achetées ;
Cette solution évite les déplacements des personnes à risques mais aussi de manipuler de l’argent ».
Alors que les livraisons se faisaient souvent à un rythme quasi quotidien jusqu’ici, avec la crise, la plupart des CPAS ont dû réduire leur nombre de livraison. Par contre le nombre de repas servis a en moyenne augmenté de 10%. Dans certaines communes, le personnel communal est mobilisé afin de soutenir les plus fragiles. C’est le cas à Rendeux, où les aides ménagères du CPAS se sont rendues disponibles pour faire les courses des personnes à risques. L’approvisionnement en denrées a jusqu’ici été assuré, même si les livraisons peuvent parfois poser problème par manque de personnel. Il arrive aussi que les repas soient simplifiés afin de limiter la charge de travail. Au centre hospitalier EpiCURA, le choix des menus a été réduit mais continue à respecter les différents régimes alimentaires ; la proposition aux selfs est limitée aux sandwichs à emporter et à des heures limitées.
Par ailleurs, les commandes ont été modifiées : elles se font désormais pour la semaine et non tous les trois jours comme c’était le cas habituellement. Au Foyer Saint-Thomas aussi, on s’adapte ! La maison de repos du CPAS de Gesves a en effet pris les devants afin d’éviter les risques. Des stocks et des « repas de crise » ont été prévus, afin de pouvoir confectionner les menus même en cas d’absence du cuisinier.
Avec la difficulté d’approvisionnement des banques alimentaires, et les effets en cascade de la crise sur la sécurité alimentaire de tous, les CPAS vont continuer à jouer leur rôle essentiel d’utilité publique. Les 3 millions d’euros, débloqués par le Ministre fédéral de l’intégration sociale le 3 avril dernier à titre d’aide alimentaire urgente, devraient venir soutenir un secteur indispensable dans l’assurance d’une alimentation saine et équilibrée pour tous.