Le glanage : une pratique ancestrale de lutte contre
les pertes alimentaires

Le glanage, pratique remise au goût du jour par la Wallonie et certains acteurs du monde agricole, permet de diminuer les pertes alimentaires tout en offrant aux glaneurs des produits locaux, frais et de saison. C’est également une opportunité pour les producteurs de valoriser leurs activités et de créer du lien social avec les participants. En Wallonie, un projet test de glanage solidaire encadré par une charte a été réalisé en juin 2021 : une action qui permet de promouvoir le glanage auprès des producteurs et des organismes d’aide sociale/alimentaire afin d’amplifier ses bénéfices.

© Jean-François Millet “Des glaneuses” 1857

Vous avez peut-être déjà aperçu des citoyens.nes dans les champs ramassant des légumes après les récoltes. Cela vous rappelait peut-être ce tableau de Jean-François Millet ?

Que font-ils, vous êtes-vous demandé ? Ce sont des glaneurs et des glaneuses qui, comme leur nom l’indique, glanent. Dit autrement, ils ramassent des fruits ou légumes laissés au champ pour leur consommation personnelle ou à des fins sociales.

Ces produits agricoles sont généralement des produits hors calibre ou « moches » (taille ou forme par exemple) qui resteront invendus. Ce peut être également des produits trop coûteux à récolter compte tenu du prix du marché, à un moment donné, que le producteur préfère alors laisser sur champ.

Cette pratique ancestrale datant du Moyen-Age revient au goût du jour pour plusieurs raisons :

  • Elle permet de lutter contre les pertes alimentaires dont les producteurs et les citoyens sont de plus en plus conscients;
  • Elle est bénéfique pour les associations d’aide alimentaire qui peuvent accéder à des produits frais, locaux et de saison pour aider leurs bénéficiaires ;
  • Elle permet un retour à la nature et au goût des activités en plein air, avec à la clé des produits offerts par le champ et son agriculteur.

Des initiatives de glanage qui s’essaiment en Wallonie

En Wallonie, le glanage est encadré par une loi de 1886 inscrite dans le code rural (Chapitre II – Art 11). Il y est dit que « Le glanage et le râtelage, dans les lieux où l’usage en est reçu, ne peuvent être pratiqués que par les vieillards, les infirmes, les femmes et les enfants âgés de moins de 12 ans et seulement sur le territoire de leur commune, dans les champs non clos, entièrement dépouillés et vidés de leurs récoltes, et à partir du lever jusqu’au coucher du soleil. Le glanage ne peut se faire qu’à la main ; le râtelage avec l’emploi du râteau à dents de fer est interdit. »

Vous vous dites alors que le glanage n’est pas pour vous ? Détrompez-vous ! Dans la pratique, tout le monde est autorisé à glaner sur le territoire belge, sauf si un arrêté municipal l’interdit. La seule condition vraiment importante à respecter, c’est que le ramassage doit se faire à la main.

Pour le reste, il est nécessaire de demander l’accord du producteur afin que le glanage ne soit pas considéré comme du vol et pour éviter toutes dérives (vol, revente, ramassage derrière les engins agricoles, etc.). En résumé, si vous souhaitez réaliser une action de glanage, il vous faudra :

  • Demander l’accord du producteur pour connaitre ses conditions et les parcelles disponibles ;
  • Glaner après les récoltes, sur un terrain ouvert, sans engin agricole sur le champ afin d’éviter les accidents ;
  • Glaner à la main et sans outil, avec par exemple, un seau ou des cagettes.

Certains producteurs organisent eux-mêmes ce type d’opération. Cela représente plusieurs avantages : création d’un lien social avec les citoyens, plus grande visibilité pour ceux qui vendent en circuit court, développement de la solidarité. Les GAL sont aussi actifs dans le domaine. Le GAL du Pays Burdinale-Mehaigne et le GAL des Plaines de l’Escaut ont organisé des glanages citoyens avec succès.

Le glanage à destination de l’aide alimentaire – une première en Wallonie

Au Royaume-Uni, l’association de glaneurs « Feedback » annonçait en 2016 qu’en trois ans d’existence elle avait sauvé 193 tonnes de fruits et légumes, qui ont été redistribués à des banques alimentaires. « Feedback », membre du « Gleaning network EU », a par ailleurs coordonné une étude sur le glanage en Europe publiée en septembre 2015. On y apprend qu’en France, une campagne de 36 jours de glanage aura permis de récolter plus de cinq tonnes de légumes, principalement des légumes racines. Quant à la Belgique, une campagne de douze jours a permis d’y sauver plus de six tonnes de légumes, majoritairement des choux.


La Wallonie souhaiterait aller plus loin, en encourageant un glanage encadré avec des associations d’aide sociale/alimentaire. L’objectif est de donner accès aux acteurs de l’aide sociale/alimentaire à des produits locaux qui, sans leur action, auraient été perdus. Une action bénéfique pour tous : pour les producteurs qui ont valorisé positivement les restes de leurs récoltes ; pour les acteurs de l’aide sociale/alimentaire qui reçoivent gratuitement ces produits frais et locaux ; pour les bénéficiaires qui ont par conséquent accès à ces produits plus qualitatifs contribuant à une alimentation saine et de saison.

A donc été organisé par Manger Demain, en collaboration avec le Collège des Producteurs, les 16 et 17 juin 2021, une opération test de glanage solidaire avec le producteur Pascal BOLLE (Agrisert) et le CPAS de Charleroi. Celui-ci a ouvert une parcelle de fraises pour la cueillette des fruits n’ayant pas été récoltés. Avec des participants du CPAS, ayant pris part bénévolement à l’opération dans la bonne humeur, ont été récoltées 25 cagettes de fraises équivalant à 125 kilos par jour pour le bénéfice du CPAS. Chaque cueilleur a reçu deux raviers de fraises. Le reste de la récolte a été distribué via les colis alimentaires du jour ou utilisé pour un atelier de fabrication de tartes aux fraises. La majeure partie a toutefois été congelée par les cuisines du CPAS pour une utilisation ultérieure, compte tenu de la courte durée de conservation des fraises. Ce fut un succès prometteur pour de futures opérations de ce type.

Pour cette phase test, une charte préparée par Manger Demain, a été signée entre le producteur et le CPAS. Cette charte encadrait les modalités du glanage (parcelle, horaires, nombre de glaneurs etc.), de manière à respecter les activités du producteur et le bien-être des glaneurs.

La pratique du glanage a vocation à s’amplifier en Wallonie car elle est un moyen de diminution des pertes alimentaires. Elle permet aussi d’augmenter l’accès pour tous à des produits locaux et de saison, contribuant à une alimentation de qualité. Au-delà de ces avantages, il offre la possibilité de créer de nouveaux liens et une sensibilisation à l’activité agricole et à une alimentation locale et de saison. 

Vous êtes producteur et vous souhaitez mettre à disposition vos surplus de production ?

Pour les producteurs qui souhaitent s’inscrire dans cette démarche de glanage solidaire encadré, complétez le formulaire ci-dessous pour vous faire connaitre !  

Des questions ? Contactez Marc SCHAUS, Chargé de Mission au Collège des Producteurs marc.schaus@collegedesproducteurs.be

Vous êtes un organisme d'aide sociale/alimentaire et vous souhaitez récolter des produits locaux ?

Vous souhaitez mener une opération de glanage solidaire encadré pour vos bénéficiaires ? Faites-vous connaitre en complétant le formulaire ci-dessous !

Des questions ? Contactez Magali LEROUX, Chargée de projet pertes alimentaires à la Cellule Manger Demain magali.leroux@mangerdemain.be

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