Une politique alimentaire par et pour les citoyens et acteurs locaux

Manger est une action qui nous concerne toutes et tous dans notre quotidien, il est donc essentiel que les politiques alimentaires tiennent compte des attentes des consommateurs et des réalités de terrain. Dès lors, c’est en utilisant une approche participative, c’est-à-dire concertée avec l’ensemble des citoyens et des initiatives locales émergentes, que cela peut se faire.

En Wallonie, une série de projets se sont fixés cette ambition de rassembler les acteurs de leur territoire autour d’une même table pour coconstruire un système qui nous fournira une  alimentation relocalisée, durable, boostant notre résilience. Ils mettent en place des Conseils de politique alimentaire dit CPA.

Où trouvent-ils leur origine, que sont-ils, comment s’organisent-ils : découvrez-le dans cet article d’information qui met en lumière ces structures de gouvernance alimentaire qui émergent aux quatre coins de notre territoire.

La dynamique de relocalisation de l’alimentation en Wallonie

Parmi les 46 projets financés par l’appel à projets visant à relocaliser l’alimentation en Wallonie, une dizaine peuvent être associés à la thématique de la gouvernance alimentaire territoriale, que l’on peut définir comme un nouvel ensemble de coopération entre les différents acteurs et les échelons d’intervention géographiques, dont l’arène commune est l’enjeu alimentaire » (Réseau national Terres en Ville). Mettre en place des projets territoriaux orientés vers un mieux-être commun, y placer l’alimentation comme nœud du problème, comme cœur de la solution, prendre position et partager des avis, permettre la contribution d’acteurs variés aux intérêts parfois divergents, aux difficultés et contraintes interconnectées ; c’est un peu tout ça un CPA ; CPA pour Conseil de Politique Alimentaire.

La stratégie « Manger Demain » vers un système alimentaire durable en Wallonie les définit comme des structures de gouvernance collaborative rassemblant des acteurs d’un même territoire et gravitant autour des différentes dimensions de l’alimentation, à savoir :

Garantir la disponibilité et l’accès de chacun.e à une alimentation relevant d’un système alimentaire durable

Contribuer à la bonne santé et au bien-être des citoyens

Préserver l’environnement

Générer de la prospérité socio-économique via le maintien et la création d’emplois décents participant directement au développement de notre tissu économique local

Offrir un niveau de connaissances et de compétences élevé en matière de système alimentaire durable via l’enseignement ou encore la culture

Mettre en œuvre des mécanismes de gouvernance responsables et efficaces

Le tout en vue d’y soutenir une dynamique de transition vers un système alimentaire durable.

Soutien à l’émergence des CPA

La Cellule Manger Demain s’est proposée de soutenir ces projets en organisant avec le Réseau des Acteurs Wallons de l’Alimentation Durable des ateliers d’échanges entre porteurs de projets et de renforcement de compétences en allant notamment regarder par-delà nos frontières les expériences réalisées et ce que nous pouvions en retirer : du Royaume Uni à l’Allemagne, en passant par le Canada et la France, les résultats sont variés mais donnent d’ores et déjà envie de se lancer. Ces ateliers ont été organisés autour de trois points d’attention :

Les objectifs et rôles à attendre de cette structure

La composition et représentativité de celle-ci

Les perspectives sur son fonctionnement à long terme

Des dynamiques inspirantes par-delà nos frontières

En France, les projets territoriaux en lien avec l’alimentation sont d’envergures et de thèmes très variés. On a assisté ces dernières années à une forte émergence de ce type de projets notamment grâce au financement conséquent du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation à des « Programmes Alimentaires Territoriaux », souvent portés par des instances publiques de type communautés de communes, agglomérations ou départements.

En Allemagne, les premiers CPA ont mobilisé très fortement une approche bottom-up avec très peu de financements au départ, même s’ils ont été rapidement soutenus par les pouvoirs publics ultérieurement.

Au Royaume-Uni, les Food Policy Councils en particulier, et la gouvernance alimentaire en général, sont très liés à la société civile, les pouvoirs publics y interviennent très peu même financièrement.

Comment mettre en place et structurer un CPA ?

Les objectifs à attribuer à un Conseil de Politique Alimentaire sont, par exemple, de l’ordre de l’interconnaissance des acteurs entre eux, de leurs enjeux, de leurs contraintes ou encore du plaidoyer pour influencer les politiques alimentaires locales comme son nom l’indique. Le CPA peut aussi endosser un rôle de sensibilisation du grand public en organisant des grands événements festifs ou soutenir des projets pilotes en matière d’alimentation durable.

La composition d’un tel groupe devant collaborer, construire ensemble est forcément à réfléchir. Se limiter aux convaincu-e-s empêchera le CPA d’inspirer confiance pour tou-te-s ; convoquer un trop grand nombre de personnes rendra les rencontres laborieuses. La majorité des CPA existants sont composés d’une plénière de ses membres nommés ou désignés après un appel à candidatures qui s’appuient sur des groupes de travail plus opérationnels et fréquents. Mobiliser les acteurs de tous bords, oui c’est un pré-requis pour faire changer le système alimentaire progressivement ; cette mobilisation devra s’appuyer sur de solides compétences en animation et facilitation de collectifs hétérogènes.

Le Conseil de Politique Alimentaire, pour maintenir la motivation et pour pouvoir communiquer sur ses actions à l’extérieur, peut se doter d’un plan d’action, qu’il pourra par exemple évaluer annuellement. Ce plan d’action sera co-construit et rassemblera potentiellement des actions de « long cours » et d’autres plus ponctuelles, plus visibles, plus parlantes. Il est recommandé de documenter les différentes actions, qu’elles aient connu des réussites ou des échecs afin de garder le groupe dynamique et mobilisé pour le projet. Ces différents Conseils de Politique Alimentaire wallons en construction pourront aussi échanger entre eux et avec le récent CWAD (Conseil Wallon pour l’Alimentation Durable). Une note de cadrage est actuellement en cours d’analyse pour définir et valoriser ces initiatives qui prennent place dans notre région.

Les premiers CPA wallons s’organisent, voici quelques informations sur leurs premiers pas :

  •  le Conseil Agro-Alimentaire Namurois a été créé à l’initiative de la Ville de Namur en mars 2021 avec la volonté de constituer un espace de dialogue, de réflexion, de proposition pour tout ce qui concerne l’alimentation et l’agriculture. Il est composé de 16 membres possédant un mandat de 2 ans. Des actions sont d’ores et déjà menées sur la mise à disposition de foncier public et la modification des marchés publics d’approvisionnement de la restauration collective.

 

  • l’équipe du Parc Naturel Haute Sûre Forêt d’Anlier a lancé en mars dernier en partenariat avec les communes et les ADL présentes sur le territoire du Parc son Conseil de Politique Alimentaire. Après un appel à candidatures ouvert, les membres en lien avec différents maillons de la chaîne alimentaire ont commencé leur travail par le diagnostic territorial et l’identification de thématiques prioritaires. Impliqués dans un projet de coopération européenne, ils bénéficient d’échanges d’expériences sur ces thématiques notamment un voyage d’études est prévu prochainement en Normandie.

Qu’ils s’installent autour d’une dynamique urbaine ou en milieu rural, nous souhaitons bonne route aux Conseils de Politique Alimentaire en création sur notre territoire et invitons tout un chacun-e à s’y impliquer. Surveillez les appels à candidatures !

Manger Demain