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Cantines durables
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Le gaspillage alimentaire n’est pas un phénomène nouveau, mais son ampleur actuelle et la conscience des enjeux qui y sont liés le sont. Bien souvent, c’est l’impact environnemental qui est mis en avant, pourtant derrière la réduction de ces pertes et gaspillages il y a également des enjeux économiques et éthiques. Nous nous situons actuellement dans une ère d’abondance et le gaspillage alimentaire relève aussi de ces mutations du système alimentaire (déclin de la valeur des aliments, changement des comportements, déshumanisation de la chaine alimentaire, etc.). Cela entraîne à chaque maillon de la chaine des pertes (à la production, à la transformation et au stade de la distribution) et du gaspillage (à domicile et en restauration hors foyer). Découvrez dans cet article d’information les causes et les conséquences de ce phénomène, mais aussi les actions que nous développerons prochainement pour sensibiliser les élèves de l’enseignement obligatoire à la thématique !
Quelle valeur attachons-nous à la nourriture dans nos sociétés alors qu’elle se trouve en abondance sur les étals des supermarchés ? Quelle importance accordons-nous aux ressources utilisées pour la cultiver et aux humains qui en assurent la production ? La réponse à ces questions semble être peu, au regard des chiffres annoncés par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) : un tiers de la production alimentaire mondiale serait perdue chaque année.
La majorité de ce gâchis se situe au stade des consommateur.rices au sein de nos sociétés occidentales. Quand des denrées comestibles et destinées à l’alimentation humaine sont jetées au niveau de la consommation (à la maison ou encore dans la restauration hors foyer), nous parlons de gaspillage alimentaire, tandis qu’en amont de la chaine (production / transformation), on parle alors de pertes alimentaires. Ce phénomène est un point d’attention de la COP15 biodiversité qui s’est clôturée le 19 décembre 2022 à Montréal. Cette conférence des Nations Unies qui a réuni des experts de près de 200 pays vise une réduction de moitié à l’échelle mondiale du gaspillage alimentaire. Quant à la région wallonne, elle a inscrit la problématique des pertes et gaspillages alimentaires dans différents plans wallons tels que la stratégie Wallonne de Développement Durable, le plan REGAL, le Plan de Relance de la Wallonie ou encore au sein de la stratégie « Manger Demain ».
Une première raison avancée est celle de l’impact environnemental : parce que le gaspillage, ça pollue ! Cette pollution est d’abord engendrée de manière directe par la production de méthane. En effet, lorsque les aliments sont gaspillés et ensuite jetés dans des décharges à l’air libre, ils dégagent ce gaz à effet de serre dont le potentiel de réchauffement (PRG) sur 100 ans est d’environ 25 fois supérieur à celui du CO2. Ensuite, le gaspillage pollue indirectement via les émissions générées par la production, la transformation et le stockage de cette nourriture qui finira à la poubelle. De nombreuses ressources naturelles précieuses rentrent également dans l’équation. On parle notamment « d’empreinte eau » pour indiquer le volume nécessaire à la production d’un aliment. Les scientifiques du Water Footprint annoncent des chiffres saisissants sur la quantité d’eau cachée dans nos aliments du quotidien. Des chiffres tels que 40 litres d’eau pour une tranche de pain ou 140 pour une tasse de café, fait réfléchir sur l’implication de jeter de tels aliments… La COP15 met également en exergue les effets néfastes de cette surconsommation des ressources et de cette production non durable sur la perte de la biodiversité sans précédent à laquelle la planète se trouve confrontée. En résumé, le gaspillage engendre une utilisation de ressources et des pollutions inutiles !
Une seconde raison est d’ordre économique : parce que le gaspillage, ça coûte ! Le montant de ces coûts au niveau de l’Union européenne s’élève à 143 milliards d’euros. En Belgique, il représenterait une perte de 1,4 milliard d’euros par an. Mais ces chiffres globaux peuvent également prendre un aspect très concret quand on les rapporte aux pertes économiques supportées par les ménages. En Wallonie, ces coûts sont estimés à 174 euros par an par ménage ! A l’heure actuelle, en ces périodes de crises successives, c’est un budget non-négligeable qui pourrait être économisé.
Finalement, il s’agit également de s’interroger sur le paradoxe entre, d’une part, les surplus et d’autre part, l’insécurité alimentaire qui touchait entre 702 et 828 millions de personnes dans le monde en 2021. Il nous questionne sur la cohérence de notre système alimentaire et sur la place que nous voulons accorder à ce qui est essentiel à la vie.
Cependant, il est à présent temps de relativiser la responsabilité du.de la consommateur.rice et de ne pas faire peser tout le poids de la culpabilité sur ses épaules. En effet, alors que la proportion de déchets jetés est la plus conséquente au niveau de la consommation, une partie du gaspillage leur est transféré par les acteurs de la chaine alimentaire qui se situent en amont. Dès lors, c’est tout un système aux facteurs multiples qui concoure à la perte des aliments. On peut citer l’agriculture intensive, la surproduction, un rythme de vie rapide, un environnement favorisant une consommation non adéquate, les standards de « beauté » imposés aux produits…
Mais est-ce que l’on peut en déduire que nous ne pouvons rien faire à notre échelle ? Certainement pas ! Plutôt que d’opter pour des injonctions culpabilisantes à l’égard des individus, nous pouvons contribuer à la lutte grâce à une approche positive. En effet, attirer l’attention sur la problématique du gaspillage alimentaire, c’est également nous permettre de réfléchir sur nos modes de consommation, de revaloriser nos aliments, de les apprécier, de respecter le travail des producteurs.rices et de s’émerveiller à nouveau face à nos assiettes.
La stratégie « Manger Demain » et le quatrième objectif stratégique de son référentiel des systèmes alimentaires durables nommé « Préserver l’environnement », définit un système alimentaire durable comme répondant aux critères suivants :
S’investir dans la réduction du gaspillage alimentaire et la sensibilisation à la thématique, c’est contribuer à cette ambition de durabilité et d’harmonie avec l’environnement !
Dans le cadre du volet « pertes et gaspillages alimentaires » du projet n°171 du Plan de Relance de la Wallonie, la Cellule Manger Demain s’est vue confier le pilotage des actions de sensibilisation au gaspillage alimentaire dans l’enseignement obligatoire.
Le projet porte sur la mise en œuvre, du mois de septembre au mois de décembre 2023, de journées de sensibilisation auprès des élèves des écoles maternelles, primaires et secondaires de Wallonie. Les élèves et professeurs seront invités à mettre en place des mesures pratiques et concrètes pour réduire le gaspillage alimentaire au sein de leur cantine scolaire. A travers leur implication active et des animations positives et émancipatrices telles que des activités d’éducation au goût, les élèves s’approprieront les questions de durabilité de l’alimentation et d’harmonie avec l’environnement.
Une journée « anti-gaspi » rassemblera toutes les écoles bénéficiaires et célébrera ce parcours de réflexion sur nos modes de consommation ainsi que les changements et progrès accomplis. Elle ne mettra cependant pas un terme au projet qui est amené à se poursuivre à travers la transmission de l’expérience. Celle-ci sera retranscrite au sein d’une mallette pédagogique disponible en libre accès et offrant les clés aux écoles pour contribuer, à leur tour, à cet effort de lutte contre le gaspillage alimentaire !
Nous sommes heureux de contribuer à cet effort de réflexion sur nos modes de vie et d’alimentation et vous invitons à rester connecté.es pour découvrir notre projet !
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