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C’est un thème que nous abordions déjà dans notre article « zoom sur les coûts cachés de l’alimentation » en préambule de l’événement annuel Green Deal Cantines Durables du 7 février 2024 : Les externalités négatives qui découlent de nos systèmes agroalimentaires actuels représenteraient environ 10% du PIB mondial. Un chiffre alarmant tiré du rapport 2023 de la FAO (organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture). A la suite de ces premières estimations appelant à une prise de conscience collective, la FAO a sorti fin 2024 son nouveau rapport : il affine ces données et propose des mesures concrètes pour une transformation des systèmes agroalimentaires axée sur la valeur, avec un focus fort sur la santé. A l’instar de ce rapport, sans même en connaître encore les orientations, nous avions également choisi la santé comme thématique centrale de notre événement annuel 2025. A travers le concept « One Health », et dans la continuité de l’édition sur les coûts cachés, nous avons mis en lumière l’interdépendance de nos choix alimentaires et de leurs impacts sur les santés humaine, animale et environnementale. Découvrez dans ce nouvel article d’information les principaux enseignements du rapport 2024 de la FAO, mais aussi notre vision pour réinventer le système.
C’est une première dans l’histoire de la FAO, deux rapports consécutifs abordent une même thématique, celle des coûts cachés. Ce choix met l’accent sur l’importance de la situation et l’urgence d’agir, mais permet aussi d’approfondir les analyses, particulièrement en matière de santé.
En effet, le rapport 2023, dans lequel les coûts cachés étaient estimés à 12.700 milliards de dollars (pour l’année 2020), révélait que plus de 70% de ceux-ci étaient directement liés à la santé (majoritairement dus aux maladies non transmissibles et à l’obésité).
En 2024, le calcul a été légèrement adapté, permettant de réévaluer ces coûts à un total 11.600 milliards de dollars. Pour cause, la FAO a affiné son analyse des coûts liés à la malnutrition en excluant ceux associés à un IMC (Indice de Masse Corporelle) élevé (jugés moins pertinents) et en intégrant ceux liés à la consommation de boissons sucrées. Toutefois, le constat reste le même : 70% des coûts cachés sont de l’ordre de la santé (soit 8.100 milliards de dollars dans l’analyse 2024) !
Autre nouveauté de ce rapport 2024, les coûts sanitaires sont ventilés par facteurs de risque. Le rapport permet donc de mettre l’accent sur la charge croissante des maladies non transmissibles, particulièrement concernant les régimes pauvres en céréales complètes (18%) et fruits (16%), et riches en sel (16%), en viande rouge (7%) et viande transformée (8%).
Ces facteurs font écho aux recommandations nutritionnelles du Conseil Supérieur de la Santé et à la nouvelle pyramide alimentaire. Il est donc urgent d’inscrire à l’agenda une action stratégique ciblée sur la santé et l’adoption des pratiques alimentaires saines pour amener les consommateurs à changer leurs habitudes alimentaires.
Cela est également inscrit dans l’ADN du rapport 2024, la FAO ne confie pas uniquement la transformation de nos systèmes agroalimentaires aux gouvernements ou aux entreprises. Elle souhaite également replacer le consommateur au cœur des changements, notamment car il s’agit du groupe d’acteurs le plus important dans nos systèmes agroalimentaires.
En mettant en lumière le rôle du consommateur, elle affirme que chacun a un levier d’action, même modeste. Cela contribue à une transition plus inclusive et équitable, dans laquelle toutes les parties prenantes ont leur mot à dire. En choisissant des produits bons pour la santé et issus de modes de production durables, via leur pouvoir d’achat, les consommateurs influencent les changements, notamment au sein de la GMS. Il est donc essentiel pour la FAO d’encourager les initiatives individuelles car chacun·e a un rôle à jouer.
« Le véritable changement naît des actions et des initiatives que chacun mène à son propre niveau. » Qu Dongyu, Directeur général de la FAO
Dans notre précédent article, nous avions déjà souligné les fortes inégalités d’impact, notamment entre les pays du Nord et ceux du Sud : Les pays à faibles revenus supporteraient une charge disproportionnée des coûts cachés par rapport à leur contribution. L’analyse actualisée du rapport 2024 vient confirmer cette disparité, surtout lorsqu’on examine les coûts cachés en proportion du PIB.
Pour faciliter la lecture, la FAO a travaillé sur une typologie (caractérisation) des systèmes alimentaires. Six grandes catégories ont ainsi été établies :
La Belgique est classée dans les systèmes dits « industriels ». Ceux-ci, ainsi que les systèmes en voie de diversification, sont responsables à eux seuls de 5.900 milliards de dollars de coûts cachés. Pour évaluer et effectuer une analyse de vraisemblance des coûts cachés à l’échelle des territoires, la FAO encourage chaque pays à mener une étude au niveau national pour pouvoir définir ses priorités.
En termes d’impact, ce sont les pays en situation de crise prolongée (comme le Burundi, Haïti, le Mali, la Palestine, la Sierra Leone ou encore le Yémen) ainsi que ceux dont les systèmes alimentaires restent traditionnels (tels que le Bénin, le Cambodge, la Guinée, l’Inde, le Népal ou le Pakistan) qui sont les plus touchés, avec des coûts cachés atteignant respectivement 47 % et 23 % de leur PIB (et ce sont principalement les coûts sociaux qui pèsent le plus lourd). À l’inverse, dans les pays qui génèrent la majorité des externalités négatives, les coûts cachés ne représentent en moyenne qu’environ 6 % du PIB.
En Belgique par exemple, ces 6% représentent environ 38,7 milliards de dollars, soit plus de 3.000€ de coûts cachés par an et par habitant !
Pour définir des priorités et des leviers efficaces, la FAO préconise une approche fondée sur la comptabilisation du coût complet (CCC). C’est dans cette optique que nous avons tenté de défier les lois de la physique en déclinant notre « équation insoluble » alliant prix accessible et juste rémunération qui a inspiré les coups de pouce « du local dans l’assiette » et « du local dans mon point de vente ».
Depuis les années 1950, nous connaissons une ère d’abondance. L’industrialisation de nos systèmes agroalimentaires nous amène à une balance en déséquilibre total, avec des prix tirés au maximum vers le bas et un prix fort payé par nos agriculteurs et la société (impacts sur l’environnement, la biodiversité, la santé, etc.).
Quelques chiffres wallons pour illustrer cette problématique :
A l’inverse, les initiatives durables, qui favorisent le circuit court et une juste rémunération des acteurs de la production, coûtent globalement plus cher.
Or, pour réparer les dommages générer par nos systèmes alimentaires actuels, l’addition est salée ! Si nous payions ces coûts, il faudrait ajouter 2€ à chaque 1€ payé en caisse pour couvrir l’impact des dégradations sur la santé, sur l’environnement et sur le tissu socio-économique.
Et si on trouvait un système qui récompense ces pratiques vertueuses avec des coûts bas tant pour la société que pour les consommateurs ?
C’est bien là que nous agissons, notamment à travers les coups de pouce, pour joindre prix accessibles et rémunérations équitables !
Les producteurs doivent être au centre des réflexions : en effet, ils sont directement impactés par les externalités négatives, dont le réchauffement climatique, et peinent à avoir un niveau de vie et un revenu décent. Pour inverser cette tendance, la FAO préconise une redistribution équitable des avantages et des coûts liés à la transition de nos systèmes alimentaires sur l’ensemble de la chaine de valeur !
La FAO propose notamment un allègement des contraintes financières et administratives pour les acteurs qui adoptent des pratiques durables. Elle illustre ces propos par un exemple concret : à l’heure actuelle, les producteurs qui souhaitent valoriser leurs pratiques durables supportent à eux seuls la charge des coûts règlementaires et de certification (bio par exemple), alors que le secteur de la distribution en bénéficie largement. Et si cet investissement était alors supporté non plus par le producteur mais par ceux qui en bénéficieront plus tard ?
Les conclusions du rapport 2024 sont claires : nous faisons face à des défis systémiques d’une ampleur inédite, qui nécessitent des réponses à la fois ambitieuses, collectives et ancrées dans les réalités locales. Il est désormais temps de mobiliser toutes les parties prenantes afin de changer d’échelle et réaliser une transition de masse.
Pour ce faire, la FAO appelle à multiplier et combiner divers leviers d’action, notamment des incitants financiers, de l’information et de l’éducation, et de la règlementation. Les taxes, par exemple, pourraient être utilisées pour tenir compte des impacts sur la santé des humains et des écosystèmes : c’est un outil efficace qui a déjà fait ses preuves par le passé, notamment pour les boissons avec sucre ajouté (les taxes ont eu un réel impact sur la diminution des ventes et donc des coûts sanitaires liés à l’obésité et aux maladies chroniques).
Le rapport pointe le besoin de collaborations et de dialogues entre toutes les parties prenantes : du producteur au consommateur en passant par les instances politiques mais aussi les instances financières ! La transition requiert une consultation active des acteurs du système alimentaire pour identifier des mesures réalistes, efficaces et équitables. C’est notamment l’objectif que nous poursuivons en Wallonie grâce à la structuration du réseau des conseils de politique alimentaire.
Finalement, parmi les lieux d’action prioritaires, on retrouve également les collectivités publiques : écoles, hôpitaux, maisons de repos… Le rapport de la FAO les qualifie de « filet de sécurité alimentaire le plus répandu dans le monde » jouant un rôle déterminant : un constat que nous partageons évidemment et sur lequel nous travaillons à travers le Green Deal Cantines Durables. En œuvrant pour des assiettes durables, les cantines sont actrices de la prévention, de l’inclusion, de la protection de l’environnement et du soutien à une agriculture rémunératrice et nourricière (service à la société). Par ailleurs, vu la diversité des publics touchés et le nombre de repas concernés chaque jour, elles jouent un grand rôle sur l’éducation et le changement des habitudes alimentaires. Profitons de cette occasion pour féliciter les cuisines de collectivités qui adhèrent à une démarche de transition : leurs actions, leurs efforts, leurs résultats s’inscrivent totalement dans la lignée des recommandations de la FAO !
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