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Publiée en juin 2025 par la Fondation Jean Jaurès, cette deuxième édition de l’étude La France à table dresse un portrait sur l’évolution des pratiques alimentaires en France. Derrière les chiffres, se dessinent des tendances fortes, parfois inquiétantes, mais aussi des signaux utiles pour les acteurs du changement.
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Le plaisir de manger recule
En 2025, seuls 57 % des Français déclarent éprouver du plaisir en mangeant, contre 73 % en 2016. Cette chute spectaculaire montre une forme de désenchantement alimentaire, liée à la perte de repères, aux injonctions contradictoires et à une banalisation de l’acte de manger.
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La précarité alimentaire s’ancre dans le quotidien
En effet, plus d’un tiers des Français (37 %) jugent leurs dépenses alimentaires insuffisantes, et 11 % déclarent devoir fortement se restreindre. Cette précarité est une réalité silencieuse, souvent invisible dans les débats publics.
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Les repas se font de plus en plus en solitaire
43 % des dîners sont aujourd’hui pris seuls, un chiffre en hausse constante. Ce phénomène reflète une désocialisation du repas, avec des conséquences importantes en matière de santé mentale, de transmission culturelle, mais aussi d’alimentation équilibrée.
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La conscience écologique est grandissante mais fragile
60 % des répondants disent accorder de l’importance à l’impact environnemental de leur alimentation, mais ils ne sont que 21 % à avoir réellement modifié leurs pratiques. Cet écart entre convictions et comportements s’explique par de nombreux freins : coût, accessibilité, temps, complexité.
L’étude a au total réunis six profils de mangeurs pour mieux comprendre leur diversité :
Cette étude, bien qu’ancrée dans le contexte français, résonne avec les enjeux que nous rencontrons en Wallonie. Elle confirme que les comportements alimentaires sont façonnés par des tensions profondes entre envies, contraintes et valeurs, et que les leviers de changement ne sont pas purement techniques, mais aussi culturels, émotionnels et sociaux.
À travers notre mission de soutien à une alimentation durable en restauration collective, nous pouvons déjà agir sur différents points.
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Plaisir, lien social et rôle des cantines
En Wallonie, la cantine reste l’un des seuls repas équilibrés et partagés de la journée pour de nombreux enfants. Selon une enquête du Département de l’Intégration sociale (2023), 1 enfant sur 5 vit dans un ménage en situation de pauvreté financière, ce qui influence directement la qualité et la régularité de leur alimentation. Cela confirme l’importance du repas scolaire comme moment structurant, social et nourrissant un levier que la cellule Manger Demain peut continuer à renforcer dans ses actions.
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Adapter notre message
L’étude La France à table propose une typologie de six profils de consommateurs (ci-dessus), construite à partir de leurs comportements alimentaires, de leurs représentations, et de leurs attentes en matière de qualité, d’éthique et de plaisir.
Pour la Cellule Manger Demain, cette classification peut servir d’exemple afin d’adapter ses messages et actions de sensibilisation, en tenant compte des différentes motivations, contraintes et façons de percevoir l’alimentation durable.
Des recherches en Wallonie confirment cette tendance de profil. Le rapport de l’AVIQ (2022) sur l’alimentation durable à l’école montre que l’adhésion à la nourriture saine dépend fortement des habitudes familiales et des représentations (ex. : “végétarien = pas bon”). Pour les épicuriens, on peut valoriser le goût et la découverte. Pour les vigilants, la santé ou l’origine des produits.
Le baromètre Solidaris (2023) indique que la majorité des publics précaires sont perdus face aux recommandations de santé. Pour les contraints, il serait donc essentiel de rassurer sur la simplicité, le coût et l’accessibilité des repas durables.
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Coût, précarité et durabilité
Les retours d’expérience du Green Deal Cantines Durables montrent que, malgré une volonté croissante d’acheter local et durable, le coût reste un obstacle majeur. Un rapport de Solidaris (2024) révèle que 53 % des familles disent avoir déjà dû réduire leur consommation de produits frais pour des raisons financières. A la Cellule Manger Demain, cela justifie les efforts fournis pour développer des menus durables à coût maîtrisé, en valorisant les légumineuses, les protéines végétales et les produits de saison en circuits courts.
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L’Éducation comme clef du problème
La baisse du plaisir de manger, mise en évidence dans l’étude La France à table, souligne l’importance de revaloriser l’acte alimentaire dès le plus jeune âge. Dans sa conclusion, le rapport insiste sur le rôle central des cantines dans l’éducation au goût, à la nutrition et aux pratiques durables. Cette mission éducative ne repose pas uniquement sur les enseignants : les cuisiniers jouent également un rôle sensoriel, pédagogique et culturel clé.
Leur formation peut ainsi inclure des compétences en valorisation des plats, narration autour des produits, et créativité culinaire pour éveiller la curiosité des enfants et renforcer leur adhésion. Ce constat dépasse le contexte français.
Cela confirme la nécessité d’outiller les écoles et les équipes de cuisine pour qu’elles deviennent de véritables passeurs de plaisir, capables d’instaurer très tôt des habitudes alimentaires saines, durables et joyeuses.
Cette étude est bien plus qu’un état des lieux : c’est un miroir des contradictions et des aspirations alimentaires de notre époque. Elle confirme que la restauration collective a un rôle central à jouer dans la transition alimentaire, à condition de parler à chacun, de valoriser le plaisir, de lever les freins économiques, et de nourrir le lien entre alimentation, santé et société.
La Cellule Manger Demain peut s’en saisir pour renforcer ses outils, ses récits, et ses accompagnements, en restant fidèle à sa mission : une alimentation durable, conviviale et accessible pour tous.
Fondation Jean-Jaurès. (2025). La France à table – 2e édition. Paris. Consulté sur : https://www.jean-jaures.org/wp-content/uploads/2025/06/france-a-table-2ed.pdf
Solidaris. (2023). Baromètre santé 2023 – Se nourrir en Belgique : un luxe ? Mutualité Solidaris.
Disponible sur : https://www.solidaris.be/publications/barometre-sante-2023
AVIQ – Agence pour une Vie de Qualité. (2022). Cantines durables : Enquête sur les pratiques alimentaires dans les écoles wallonnes. Namur.
(Non disponible en ligne librement ; disponible via documentation interne ou partenaires institutionnels).
Foodshift 2030. (2021). Diagnose territoriale participative – Vers une transition alimentaire en région de Bruxelles et Namur. Bruxelles : Fondation Rurale de Wallonie.
(Disponible sur demande via le projet européen FoodSHIFT2030, coordonné par ICLEI Europe).
Plateforme Alimentation de Qualité. (n.d.). Ressources sur l’éducation au goût et à l’alimentation durable.
Consulté sur : https://www.alimentationdequalite.be
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