Un coup de pouce pour relocaliser les assiettes et rééquilibrer la balance

Dans le cadre du Green Deal Cantines Durables, la restauration collective wallonne est accompagnée par la Cellule Manger Demain afin de faciliter sa démarche de transition vers une alimentation durable. Un des principaux freins identifiés par les acteurs de ce Green Deal est la difficulté à concilier accessibilité pour les usagers et juste rémunération pour les acteurs de l’approvisionnement.

UNE BALANCE DEFIANT LES LOIS DE LA PHYSIQUE ?

Comme nous l’exposions dans notre précédent article d’information « Défier les lois de la physique pour rééquilibrer la balance », les externalités négatives de nos systèmes alimentaires représentent pas moins de 10% du PIB mondial : A l’échelle de la Belgique, ces coûts cachés seraient de 38,7 milliards de dollars, soit l’équivalent de 3.000€ par an et par habitant !

Selon la FAO, pas moins de 70% de ces coûts concernent la santé !

En parallèle, les producteurs font face aux impacts environnementaux, à la pression des prix bas, à la volatilité des marchés et peinent à obtenir une juste rémunération de leur travail.

Des solutions concrètes existent pour rééquilibrer la balance ! La restauration collective offre un levier concret, notamment grâce à un soutien de la Wallonie, pour relocaliser les assiettes et faire de ce secteur un débouché stable, rémunérateur, et porteur de sens !

LE COUP DE POUCE « DU LOCAL DANS L’ASSIETTE », KESAKO ?

Il s’agit d’un incitant financier octroyé aux cantines grâce au soutien de la Wallonie pour des repas durables en restauration collective. Concrètement, il permet :

De faire effet levier pour des débouchés durables incluant une juste rémunération des acteur·rices du système alimentaire wallon ;

Une approche inclusive et de prévention santé grâce à une assiette durable à un prix accessible au plus grand nombre.

En effet, la restauration collective joue un rôle essentiel en matière de prévention. Comme nous le rappelle le bon sens populaire lui-même : « mieux vaut prévenir que guérir ! ». En choisissant des aliments de qualité, les cantines signataires du Green Deal Cantines Durables participent activement à la prévention des maladies et à l’amélioration globale de la santé et du bien-être de leurs usagers.

Le coup de pouce « Du local dans l’assiette » permet de le faciliter grâce à une prise en charge de maximum 50% des factures en produits locaux et de 70% pour les factures en produits bio et locaux, le tout plafonné à un montant de 0,5€ par repas servi.

Mais quel impact ce coup de pouce a-t-il concrètement sur les acteurs de l’approvisionnement et plus particulièrement sur le secteur bio ? Découvrez dès à présent les chiffres pour l’année 2024[1] !

[1] Ces chiffres se basent sur les factures des cantines soutenues pour le coup de pouce en 2024. La totalité des aliments sont locaux, et en partie bio.

Zoom sur les cantines soutenues en 2024

En 2024, 209 cantines, aux profils variés (maisons de repos, écoles, centres d’hébergements, etc.), ont été soutenues par le coup de pouce pour un total de 2,5 millions de repas impactés sur l’ensemble de la Wallonie (cfr graphique de répartition des cantines sur le territoire wallon).

Un impact fort pour le secteur bio

Au total, le coup de pouce « du local dans l’assiette » a permis de générer environ 2,1 millions d’euros de transactions, dont 1,14 million en produits biologiques, soit 54 % du total. Cela représente plus de 600 tonnes de denrées commercialisées, dont 405 tonnes en bio, soit 67,5% des volumes (contre 43% en 2023).

Les fruits, légumes, céréales, œufs, protéines végétales et la viande d’agneau restent les filières pour lesquelles les produits sont très majoritairement achetés en bio, avec des taux allant jusqu’à 100 % dans certaines (lentilles et céréales panifiables).

Ces chiffres sont bien en deçà des volumes réellement facilités par ce mécanismes. En effet, lorsqu’une collaboration est initiée entre une cantine et un producteur, leurs relations commerciales vont bien au delà des transactions entrant strictement dans le financement du coup de pouce.

impact du coup de pouce par filière

En quantités

Le secteur maraicher (légumes, fruits, pommes de terre) a rencontré un succès non négligeable lors de ce coup de pouce : il concentre un peu plus de 50% des achats en 2024 ! Au niveau de la viande, ce sont les filières bœuf et volaille qui ressortent en tête.

Au niveau de la part de bio, certaines filières comme les légumes, les œufs, les céréales, les protéines végétales et l’agneau atteignent quasi 100% des volumes en bio. On peut notamment y voir un lien avec les critères du Label Cantines Durables, notamment pour les œufs qui doivent obligatoirement être soit bio, soit plein air dès le premier niveau. Les cantines doivent également définir une série de produits achetés systématiquement en bio. Un travail est également mené sur l’introduction de protéines végétales mais aussi sur la saisonnalité pour tenir un maximum compte des disponibilités en fruits et légumes wallons au fil de l’année.

Au niveau de la viande, à part pour l’agneau, les quantités bio restent limitées. Tout comme le démontrait l’analyse 2023, le porc bio reste une des denrées les moins achetées en bio par les cantines.

Finalement, soulignons l’avancée considérable menée sur la structuration de la filière des céréales panifiables bio : l’offre est désormais disponible et 100% des quantités sont achetées en bio par les cantines : c’est notamment le fruit d’un travail mené sur les repas emportables dont les sandwichs.

En volume de transactions

Ce sont les produits viandeux qui ont générés une majorité des transactions, avec le bœuf largement en tête, représentant plus de 52% du volume total des transitions.

conclusion

Le subside a largement contribué aux achats de produits à la fois locaux et surtout bio-locaux ! Ces résultats traduisent l’avancement des collectivités wallonnes en matière de transition alimentaire, créant des débouchés durables avec une juste rémunération des producteurs, et favorisant une alimentation plus saine, locale et accessible pour toutes et tous.

Il est important de souligner l’intérêt très fort des cantines, pour lesquelles ce subside a été un levier essentiel pour augmenter la part de produits durables dans leur approvisionnement. Aux yeux de la Cellule Manger Demain, il serait tout à fait opportun que ce coup de pouce se transforme en un subside structurel, alloué à toute cantine qui s’inscrirait dans une transition alimentaire.

synthèse en images

Manger Demain